Les inégalités de revenus continuent de se creuser par le haut
Les inégalités de revenus continuent de se creuser par le haut - Le Monde
Plus on est riche et plus les revenus et le niveau de vie augmentent plus fortement que pour le reste de la population. C’est ce que confirme l’Insee dans une étude, publiée jeudi 28 avril.
Intitulée “Inégalités de niveau de vie et pauvreté de 1996 à 2008″, cette étude montre également que le niveau de pauvreté demeure globalement stable depuis 2002,les difficultés étant toutefois de plus en plus fortes pour les familles monoparentales et les personnes seules.
La “photographie” réalisée par l’institut national de staistiques s’arrête toutefois à 2008 et ne prend donc pas pleinement en compte les effets de la crise.
Niveau de vie : c’est la somme des revenus disponibles d’un ménage (revenus salariés, non salariés et du patrimoine, prestations sociales), moins les impôts directs, le tout étant ramené à l’unité de consommation.
Dans un ménage le premier adulte compte pour 1 unité, les autres personnes de plus de 14 ans pour 0,5 unité et les enfants pour 0,3.
Un ménage composé de deux adultes, un adolescent et un enfant représente par exemple 2,3 unités de consommation. Si son revenu est de 100, il faut diviser par 2,3 pour avoir le niveau de chacun des membres du ménage.
Niveau de vie médian : c’est le chiffre qui sépare la population en deux. En 2008, le niveau de vie médian se situait à 18 990 euros par an (1 580 euros par mois), contre 18 670 euros en 2007.
Cela signifie par exemple que, pour un couple avec deux jeunes enfants (2,1 unités de consommation), le revenu est de 3 320 euros par mois.
Niveau de vie des personnes les plus modestes : en 2008, 10 % de la population disposait d’un niveau de vie inférieur à 10 520 euros par an (+ 2,2 % par rapport à 2007).
Niveau de vie des personnes les plus aisées : 10 % de la population disposait en 2008 d’un niveau de vie supérieur à 35 550 euros par an (+ 2 % sur 2007).
Le 1 % de personnes les plus aisées -les “très hauts revenus”, comme on les appelle - se situaient à un niveau supérieur à 88 200 euros par an.
A l’intérieur de cette catégorie, 0,9 % de la population affichait un revenu compris entre 88 200 et 239 300 euros et 0,1 % de la population un revenu supérieur à 239 300 euros.
Seuil de pauvreté : le seuil de pauvreté correspond à 60 % du niveau de vie médian. En 2008, il se situait à 949 euros par mois.
Cela représente par exemple un revenu de presque 2 000 euros pour un couple avec deux jeunes enfants.
Qui est pauvre : 13 % de la population française se situait en 2008 en dessous de ce seuil, soit 7,8 millions de personnes. La proportion est quasi identique à ce qu’elle était en 2002.
La pauvreté touche surtout les personnes au chômage (35 % d’entre eux), les personnes seules (16,9 % d’entre elles en 2008, contre 15,1 % en 1996) et les familles monoparentales.
Pour ces dernières, le taux de pauvreté s’accroît depuis 2004 : la part des familles monoparentales pauvres est ainsi passée de 26 % à 30 %.
Et plus il y a d’enfants, plus la situation est difficile : en 2008, 53,7 % des personnes vivant dans des familles monoparentales avec trois enfants ou plus étaient pauvres, alors que la proportion était de 35,9 % en 2004.
L’Insee relève que la pauvreté “diminue seulement” pour les personnes vivant en couple, avec ou sans enfant. “Elle a diminué plus rapidement que pour l’ensemble de la population”, indique l’étude, rappelant que cette pauvreté reste malgré tout élevée pour les familles nombreuses : 19,7 % d’entre elles se situent sous le seuil de pauvreté, contre 27,8 % en 1996.
Inégalités de niveau de vie : elles continuent de se creuser par le haut, confirmant une tendance à l’œuvre depuis 2004, souligne l’étude de l’Insee.
La progression du niveau de vie reste ainsi plus forte pour les très hauts revenus comparativement au reste de la population.
Cette situation avait été mise en évidence, en juin 2007, par les travaux de Camille Landais, de l’Ecole d’économie de Paris, qui avait analysé la période 1998-2005.
Elle avait été confirmée, en 2010, par une étude de Julie Solard, pour le compte de l’Insee, portant sur la période 2004-2007.
“Entre 2004 et 2007, les très hauts revenus ont augmenté plus rapidement que ceux de l’ensemble de la population. En 2008, première année de crise, ce mouvement se poursuit mais ralentit”, indique l’Insee.
Cette différence est due “en particulier à une forte hausse des revenus du patrimoine (+ 11 % par an sur la période 2004-2008), qui sont fortement concentrés chez les personnes les plus aisées”, souligne l’étude.
Les études de Camille Landais et Julie Solard avaient montré que c’est aussi à travers “la rapide augmentation des inégalités de salaire” que se creuse l'’écart en faveur des plus riches.
L’étude de l’Insee, publiée jeudi, détaille l’évolution du poids de ce 1 % de la population la plus aisée dans le total des revenus.
On voit ainsi que la part du 0,9 % de Français dont le revenu est compris entre 88 200 et 239 300 euros, est passée de 4,76 % à 5,04 % entre 2004 et 2008.
La part du 0,1 % de Français disposant d’un revenu supérieur à 239 300 euros a quant à elle augmenté de 1,72 % à 2,03 %.
Sur la même période, la part des revenus perçus par les 9 % de la population disposant d’un revenu annuel compris entre 37 000 euros et 88 200 euros est restée stable autour de 20,7%.
Celle des revenus perçue par 90 % de la population française a diminué légèrement : 72,25 % en 2008, contre 72,86 % en 2004.
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