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lundi, mai 02, 2011

Les syndicats à l’exécutif et au patronat : “les salaires d’abord!”

Très hauts et très bas revenus - Le Monde

Au moment où la question du pouvoir d’achat et des salaires revient au premier plan, il n’est pas intéressant de savoir où l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) trace les frontières de la richesse et de la pauvreté. Dans l’édition 2011 de son ouvrage classique sur Les revenus et le patrimoine des ménages, l’organisme de statistiques relève qu’en 2008, c’est à partir de 88 200 euros de revenu déclaré annuel par unité de consommation (UC) qu’une personne se situe parmi les 1% les plus aisés de la population.

Rappelons que dans ce cas, le premier adulte du ménage compte pour 1 UC, les autres personnes de 14 ans ou plus pour 0,5 UC et les enfants de moins de 14 ans pour 0,3 UC. La même année, il y avait en France 7,8 millions de personnes pauvres, soit 13% de la population, pour un seuil de pauvreté fixé à 60% de la médiane du niveau de vie (soit 949 euros par mois).

Comme les chercheurs Thomas Piketty et Camille Landais l’avaient déjà observé à partir de 1998, les très hauts revenus ont augmenté plus rapidement que l’ensemble de la population entre 2004 et 2007, alors que l’écart entre les hauts revenus (les 10% les plus aisés) et la médiane des revenus déclarés par UC (18 300 euros en 2008) est resté stable à 2.

Alors que cette médiane a crû de 5,2% en euros constants entre 2004 et 2008, les quantiles supérieurs augmentent, eux, beaucoup plus fortement : + 9,6% pour le dernier centile (Q99, 88 200 euros), + 18,9% pour le dernier millime (Q99,9 et 239 300 euros de revenus) et + 32,7% pour le dernier dix-millime (Q99,99 et 732 300 euros). Ce creusement des inégalités par le haut serait principalement dû à une progression importante des revenus fortement concentrés du patrimoine.

Entre 2004 et 2008, alors que la population augmente d’un peu moins de 3% ajoute l’Insee, le nombre de personnes dont le revenu déclaré par UC dépasse 100 000 euros constants 2008 croît d’un tiers et passe de 331 000 à 440 000. Et le nombre de personnes dont le revenu par UC est supérieur à 500 000 euros augmente de 84% et dépasse les 13 000. Parallèlement, le nombre de foyers redevables de l’impôt de solidarité sur la fortune n’a augmenté que de 69%, en dépit de la revalorisation annuelle du seuil de l’ISF. Cette situation peut s’expliquer par l’existence en France de nombreuses niches fiscales permettant de réduire le revenu que l’on déclare au fisc.

La pauvreté monétaire, on l’a vu, concerne 13% de la population (contre 17% en moyenne dans l’Union européenne à 27, qui compte 84 millions de pauvres). En 2008, la moitié des personnes pauvres ont un niveau de vie mensuel compris entre 773 euros et 949 euros. Quant à la pauvreté en conditions de vie (être soumis à au moins 8 privations ou difficultés parmi un ensemble de 27 pris comme référence), elle touchait en 2009 12, 2% des ménages. Depuis 2004, cette forme de pauvreté a globalement régressé, mais ce mouvement semble interrompu : l’insuffisance de ressources concernait 13,8% des ménages en 2009 contre 12,6% en 2008.

La pauvreté en conditions de vie touche en premier lieu les familles monoparentales (27,4% sont dans ce cas en 2009), les couples avec trois enfants ou plus (17,4%) et les ménages dont la personne de référence est jeune, tandis que les plus de 65 ans sont les plus épargnés. Et, comme on pouvait s’y attendre le chômage augmente très nettement le risque de devenir pauvre...

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