Moscou ajourne le verdict dans le procès de l'ex-oligarque Khodorkovski
Moscou ajourne le verdict dans le procès de l'ex-oligarque Khodorkovski - Le Figaro
L'ancien patron de la compagnie pétrolière Ioukos symbolise les dérives du capitalisme russe des années 1990. Il sera fixé sur son sort le 27 décembre prochain.
C'est finalement le 27 décembre que Mikhaïl Khodorkovski, l'ex-oligarque le plus célèbre de Russie, emprisonné depuis huit ans dans sa cellule sibérienne de Tchita, saura s'il doit continuer une partie de sa vie derrière les barreaux. Moscou a décidé mercredi de reporter l'énoncé du verdict à cette date. Pour la plupart de ses concitoyens, l'ancien patron de la compagnie pétrolière Ioukos symbolise les dérives du capitalisme russe des années 1990, mélange d'opulence financière et de grand banditisme.
L'ex-patron de Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, le 2 novembre dernier. Crédits photo : DMITRY KOSTYUKOV/AFP
L'ancien patron de la compagnie pétrolière Ioukos symbolise les dérives du capitalisme russe des années 1990. Il sera fixé sur son sort le 27 décembre prochain.
C'est finalement le 27 décembre que Mikhaïl Khodorkovski, l'ex-oligarque le plus célèbre de Russie, emprisonné depuis huit ans dans sa cellule sibérienne de Tchita, saura s'il doit continuer une partie de sa vie derrière les barreaux. Moscou a décidé mercredi de reporter l'énoncé du verdict à cette date. Pour la plupart de ses concitoyens, l'ancien patron de la compagnie pétrolière Ioukos symbolise les dérives du capitalisme russe des années 1990, mélange d'opulence financière et de grand banditisme.
Pour les autorités judiciaires russes, il est un délinquant financier de grande échelle, doublé - aux yeux de Vladimir Poutine, qui l'a récemment comparé à Al Capone - d'un criminel aux mains tachées de sang. À l'inverse, ses défenseurs présentent cet homme au visage doux et à l'allure d'intellectuel, comme un prisonnier politique, dont le seul tort est d'avoir contesté l'autorité de l'ancien chef du Kremlin. Pour sa part, le tribunal de Moscou devra juger Mikhaïl Khodorkovski ainsi que son ancien associé, Platon Lebedev, coupables, ou non, du vol de 218 millions de tonnes de pétrole, délit pour lequel le parquet a déjà requis quatorze ans de prison.
Fragilité des charges
Selon ses défenseurs, l'acte d'accusation lui-même illustre la fragilité des charges qui pèsent sur leur client. Bizarrement, l'ancien patron de Ioukos est accusé d'avoir subtilisé des montagnes de brut, alors qu'il a été jugé coupable en 2005… d'évasion fiscale liée à ces mêmes revenus pétroliers, délit pour lequel il purge actuellement une peine de huit ans. Même l'ancien ministre de l'Économie, Guerman Gref, cité comme témoin, a démonté des accusations, jugées farfelues par beaucoup d'observateurs. Les différents procureurs qui se sont renouvelés depuis le début du second procès, en mars 2009, donnaient souvent l'impression de réciter une partition écrite dans les hautes sphères du pouvoir. Lors d'une réunion au Kremlin, début 2003, Mikhaïl Khodorkovski avait tenu tête à Vladimir Poutine en dénonçant les affaires de corruption dans laquelle auraient trempé ses proches. En 2004, Ioukos a été démantelé au profit d'entreprises proches du Kremlin, dont Rosneft, alors dirigé par Igor Setchin, aujourd'hui vice-premier ministre, et poids lourd de l'actuel gouvernement. «Vladimir Poutine n'est pas seul en cause. Il existe une multitude d'individus qui, au sein de la bureaucratie corrompue, sont susceptibles d'exercer une influence sur les magistrats», expliquait mardi Vadim Klyuvgant, l'avocat en chef de l'ancien magnat.
Les Chancelleries occidentales scrutent à la loupe le procès, qui est devenu un indicateur de l'évolution du pouvoir russe. Il se tient rarement un forum économique à Moscou sans qu'un investisseur étranger n'évoque publiquement le cas Khodorkovski, pour s'inquiéter de l'absence, selon eux, d'un État de droit en Russie. Mardi, une cinquantaine d'anciens responsables politiques occidentaux, dont Bernard Kouchner, ont écrit à Dmitri Medvedev pour lui demander que « cesse la persécution» à l'encontre de l'ancien magnat. Le président russe, qui promeut la «modernisation» de son pays et incarne les espoirs de plusieurs libéraux, est placé en porte-à-faux.
Si les défenseurs de Khodorkovski se félicitent de ces soutiens politiques «clés», peu de commentateurs parient sur son élargissement. Pour Lilia Shevtsova, analyste au Centre Carnegie, cette affaire est un symbole de «l'ère Poutine», démontrant la toute-puissance de l'actuel premier ministre. Pour ce dernier, «le libérer équivaudrait à un suicide politique».
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