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mercredi, décembre 15, 2010

WikiLeaks : Ukraine, la déception Timochenko

WikiLeaks : Ukraine, la déception Timochenko - Le Monde

Paralysie politique, gabegie, économie étouffée par la corruption : le bilan ukrainien, six ans après la Révolution orange qui a renversé le président Léonid Koutchma, parait décevant. C'est ce qu'indiquent les télégrammes de l'ambassade américaine à Kiev, obtenus par WikiLeaks et étudiés par Le Monde. Les derniers datent de fin février, alors que Viktor Ianoukovitch, le candidat du Parti des régions, vient de remporter le second tour de l'élection présidentielle le 7 février, contre la premier ministre, Ioulia Timochenko.

L'Est du pays, russophone et russophile, a pris sa revanche sur l'Ouest "orangiste". Une nouvelle ère semble s'ouvrir, pleine d'inquiétudes pour les partisans d'un amarrage de l'Ukraine à l'Union européenne. Le pays va-t-il retourner dans le giron russe ? Un pouvoir vertical va-t-il s'établir, sur le modèle poutinien ? Le 12 février,Roman Zvarych, député de Notre Ukraine, la formation du président sortant Viktor Iouchtchenko, rapporte à l'ambassade ses derniers échanges avec Ioulia Timochenko. Celle-ci refuse de démissionner. Elle lui a demandé d'agir pour préserver leur coalition au Parlement.

"Il a décrit son état actuel comme étant 'défaite, mal à l'aise et épuisée', et il nous a dit que sa santé a suscité des inquiétudes réelles pendant les dernières semaines de la campagne." La guerre intestine, d'une violence inouïe, entre le président sortant et son premier ministre a fait une grande victime : l'économie. Le 23 février, alors que le conseiller pour la sécurité nationale américain, James Jones, s'apprête à arriver à Kiev, l'ambassade écrit qu'"au cours des cinq dernières années, la seule réforme économique que l'Ukraine a entreprise est l'adoption de la législation pour son accession à l'Organisation mondiale du commerce".

"LIMITER SA CAPACITÉ DE DESTRUCTION"

Dans un autre télégramme, le 26 février, la députée et économiste Irina Akimova, membre du Parti des régions, dresse un constat très dur de l'état du pays. Elle affirme que "jusqu'à 70 % des dépenses du gouvernement", sous l'autorité de MmeTimochenko, ont été réalisées sans appel d'offres compétitif et que "près d'un quart de l'argent qui a circulé au travers des passations de marchés publics en 2009 (soit environ 5 milliards de dollars) ont été 'volés'".

Ioulia Timochenko, à Berlin, le 23 novembre 2006.

Ioulia Timochenko, à Berlin, le 23 novembre 2006.AFP/JOHN MACDOUGALL

L'ancienne égérie de la Révolution orange ne recueille guère les grâces des diplomates américains, qui soulignent son "populisme". Ancien membre de son parti, le BIoT, Viktor Pynzenyk a confié ses états d'âme à l'ambassadeur, le 22 février. S'exprimant, selon le diplomate, avec "une sincère tristesse", il a fait un portrait terrible de Mme Timochenko, préconisant des législatives anticipées pour"limiter sa capacité de destruction". Ex-ministre des finances, il a justifié sa démission en février 2009 par le fait que Mme Timochenko, alors premier ministre,"voulait un 'artiste' capable de peindre un joli tableau, plutôt qu'un ministre des finances qui travaillerait à l'amélioration de l'économie", rapporte l'ambassadeur américain.

Celui-ci conclut de façon sévère : "Il est malheureux de voir que le refus de Timochenko de prendre des décisions difficiles a coûté très cher au pays, pas seulement en termes de déficits, d'une dette publique plus forte, d'un PIB déclinant, mais aussi parce qu'elle a écarté des responsables intelligents et partisans de réformes comme Pynzenyk."

"CONTRÔLE MANUEL"

Le 17 décembre, quelques semaines avant le premier tour de l'élection présidentielle, l'ambassade américaine s'interroge longuement sur "les politiques économiques populistes" au cœur du programme de Mme Timochenko. Ce programme prévoit notamment un "rôle fort pour l'Etat" et la renationalisation de biens privatisés. Le télégramme note l'ambiguïté de la candidate vis-à-vis des oligarques. Elle les qualifie de "cancer" mais bénéficie aussi du soutien de certains d'entre eux.

Un député du BIoT, Youri Polouniev, souligne que ni elle, ni sa formation "n'ont de programme économique ni de système de prise de décision". Une expression revient régulièrement : le premier ministre fonctionne en "contrôle manuel", elle veut tout gérer. "En dehors de son style de management, note le câble, Timochenko est critiquée pour son apparent manque de compréhension élémentaire des fondamentaux de l'économie."

Piotr Smolar

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